Modif de réservoir réalisée l'année dernière pour un pote possesseur d'une Triumph Bonneville :
Base de reservoir America.
Au programme, lissage du dessus et nouveau bouchon de remplissage de provenance inconnue mais sympa.
Le copain avait déjà viré la goulotte originale et les platines de la console en plastoc ; j'ai juste mis à nu les zones à travailler.
Ne sachant pas si je supprimais un minimum ou un gros morceau, j'ai commencé par planer la zone autour de la goulotte au cas où.
Pour le gros bossage avant, pas de pitié, il saute à la meuleuse ; ça pourra toujours faire un cendrier si jamais...
la zone restante entre les deux trous est tellement ridicule qu'elle va m'emmerder plus qu'autre chose...
... alors je vire tout en liant les deux trous, c'est plus simple.
la mise à l'air est momentannément enlevée afin d'être relocalisée plus tard.
pour les bosses, je les ressortirai au tire-clou une fois le patch soudé, y'a en fait pas la place de passer le marteau à cause de l'évidement central...
je prends l'empreinte du trou sur un gabarit papier pour découper mon patch en tôle d'acier 10/10 électrozinguée (avec une marge pour le début du formage).
je lui donne un peu de galbe à la roue anglaise
puis "affine" l'allure générale au maillet biboules plastique sur sac de sable.
un petit coup de pince à rétreindre sur le pourtour à l'avant pour aider à donner le cintre
et retour à la conformeuse à galets pour finir de galber (en mettant de la pression entre les galets) et planer (en supprimant la pression des galets mais sans laisser de jeu) le patch.
j'adore cette machine, elle est belle et efficace!
essai en place, plutôt pas mal. y' plus qu'à détourer plus proprement (selon le trait bleu extérieur - celui de l'intérieur, c'est l'actuel trou du réservoir)
et faire de même sur le réservoir pour bien coller au contour du patch.
on finit les bords à l'abrasif P80.
au passage, les deux petits trous, séquelles du soudage par points de la platine de la console sur l'arrière sont bouchés au MAG et meulés inter/exter.
montage à blanc concluant ; je ne peaufine pas plus que ça la liaison entre le patch et le réservoir vu que tout va bouger lors de la soudure, il faudra planer à nouveau après.
reprise du haut de la goulotte réalisée par mon ami au tour pour une bonne planéité du contact avec le bouchon choisi
Pour un bon positionnement du patch lors du pointage, je décide d'utiliser des
Clecos, n'ayant plus par la suite d'accès à l'intérieur pour enlever un autre type de fixation. Initialement, ces rivets temporaires sont destinés à maintenir deux tôles l'une sur l'autre, mais là, ce sera moitié/moitié. Je commence donc par "percer" des demi trous de 3mm à la lime queue de rat sur les deux éléments.
Et voilà les Clecos en place
Je peux maintenant commencer à pointer. J'ai décidé d'utiliser le TIG, pour une chauffe plus ponctuelle, moins de meulage à la clé et une meilleure gestion de la pénétration du cordon.
J'enlève les Clecos
Et je bouche les trous de 3mm
Je fais un petit cordon tous les deux points pour limiter la déformation. Les cordons ne sont pas esthétiques, car je préfère envoyer du métal d'apport afin d'assurer un bon mouillage et une étanchéité à la clé.
Puis je comble les espaces restants de la même façon
Vue de face
Et de côté
Le profile suit pas mal, mais ce n'est pas parfait...
L'ancien trou de la mise à l'air est bouché.
Les cordons d'hier sont meulés, mais j'ai oublié la photo... l'ensemble est un peu rentrant, il faudra poser un peu de mastic, mais pas beaucoup, juste de quoi faire la liaison. On ne peut en effet pas trop jouer de la meuleuse, des trous dans un réservoir, ça fait vite désordre...
Je peux m'occuper de ressortir les trois impacts maintenant que la tôle est maintenue partout.
Pour cela, j'utilise un tire-clou (sans clou, le matos a évolué depuis, on ne soude plus de clous pour ensuite tirer dessus, maintenant, c'est un collage de l'outil par arc électrique sur la tôle à travailler, avec une foultitude d'outils interchangeables en un clin d’œil). l'outil utilisé est une pince terminée par une électrode. Une pression de l'électrode sur la tôle déclenche l'arc qui la soude à la pièce. j'actionne ensuite la pince en appui sur le réservoir pour relever l'électrode, et donc la tôle enfoncée. Un quart de tour sur l'électrode et elle se dessoude. On répète ça en se déplaçant sur l'impact jusqu'à tout faire filer au mieux.
Une fois cela fait, on meule les petits impacts puis on utilise un crayon graphite raccordé à la même machine pour réaliser des chauffes ponctuelles afin de retendre la tôle.
Et voilà, l'impact n'est plus qu'un mauvais souvenir. Encore une fois, ce n'est pas parfait, et il faudra un petit peu de mastic.
Je passe donc enfin au perçage du trou de goulotte de remplissage. Coup de chance, j'ai une scie cloche pile au bon diamètre.
Et voilà, on enlève le morceau, puis on ponce à l'abrasif grain 80.
Présentation de la goulotte à peu près en place.
décroché de 6mm entre le réservoir et le bas du bouchon.
Le goulot est sablé, puis sa hauteur marquée et le tout positionné en place.
Il est pointé TIG au réservoir
Puis soudé TIG.
La tôle du réservoir s'est un peu affaissée à la chaleur, ce qui fait que le goulot est légèrement rentrant...
J'ai fait le cordon en deux fois à cause des épaisseurs de tôle pas homogènes :
- Première passe : dépose massive de métal d'apport sur le réservoir (ép 1mm) à 35A en débordant sur le goulot (ép 3mm).
- Seconde passe : montée à 45A et refusion du métal d'apport pour une bonne pénétration sans perforation et un cordon plus esthétique.
Si j'avais soudé en une passe à 45A, il y aurait eu de fortes probabilités que je perce le réservoir, alors que là, j'ai assuré une épaisseur locale suffisante à la tôle de 10/10 pour bien la lier à celle de 3mm avec un ampérage en conséquence.
Sinon, on peut apercevoir deux trous de 3mm percés dans les parois du goulot pour évacuer l'air lors du remplissage ; sans eux, on ne pourrait pas remplir au dessus du point bas du goulot...
Allez, reste plus qu'à boucher la petite échancrure sur le devant dans la zone proche du fourreau de fourche.
Un bout d'acier de 2mm taillé à la forme.
Et soudé en place dessus dessous au TIG.
Meulage du cordon, tracé...
... et découpe à la cote.
Finitions dessus et dessous.
Et voilà une vue de l'ensemble fini.
Je nivèle les limites de l'ancienne peinture au grain 80 puis 180 en faisant en sorte d'avoir près d'un centimètre de séparation entre chaque couche. cela a pour but d'éviter les "détourages" visibles après peinture.
A noter que d'origine chez Triumph, y'a des finitions au mastic sur des pièces neuves! C'est je pense pour masquer la soudure par moletage des demi-réservoirs.
Tartinage de Mastic Polyester (c'est impressionnant, mais y'a pas trop épais) pour rattraper les alignements et petits défauts...
calage du mastic, grain 240
Mise en apprêt Époxy garnissant gris ce soir.
couche bien blindée pour par la suite pouvoir faire un vrai calage des formes au 600 à sec.
un presque 360° + un zoom sur le goulot
une semaine après l'application de l'apprêt epoxy, calage des derniers petits défauts au grain 400, puis finition au 800, tout à l'abrasif "à sec"
le seul bout de tôle qui ressort nu (car point haut) est un défaut de chez Triumph, j'ai rien touché par là...
peinture par mon pote à la bombe + fake patina :
"Peinture grise puis recouvrement en noir, ça c'est pour les effets de ponçage façon "usure du temps" à la fin.
Séquence masquage.
Je ne savais pas par où commencer ni comment m'y prendre car je n'avais jamais peint de réservoir avec motif...
Essai sur feuille de papier c'était le bordel...
En fait j'ai dessiné direct sur le réservoir (merci au verre à moutarde pour les demi cercles), puis traçage avec la petite bande de tape offerte par Niko.
Formidable ce truc !! Tu traces des courbes parfaites avec une facilité étonnante.
Masquage de l'avant
... Et ce matin p'tit coup de gris
Puis patine à l'abrasif et remontage sur la moto."